Décrypter le volume du trafic bruxellois au temps du Covid-19

Elena Tsiporkova

Ce blog est le deuxième d'une série réalisée dans le cadre du projet MISTic, relatif à la situation du trafic à Bruxelles pendant les restrictions liées au Covid-19. Nous nous intéressons ici à l'évolution du trafic durant l’assouplissement des restrictions.

Notre analyse repose sur un ensemble de données en libre accès de Bruxelles Mobilité, qui comprend un comptage de véhicules à 55 endroits très fréquentés de la ville de Bruxelles. Dans notre premier blog, nous avons constaté que le trafic avait considérablement diminué, mais de manière inégale en termes de lieux (p. ex. moins de réduction constatée sur la Petite Ceinture de Bruxelles) et de temps (p. ex. les heures de pointe du soir ont subsisté jusqu'à 80 %). Dans ce deuxième blog, nous nous concentrons sur l'évolution du trafic durant l’assouplissement des restrictions. Nous nous intéressons aussi à l'effet de chaque assouplissement  sur le trafic  bruxellois et au respect des restrictions.

Empreintes du trafic

Comme les restrictions liées au Covid-19 sont progressivement assouplies, le trafic revient lentement à la « normale ». Nous pouvons ainsi observer l'émergence de volumes de trafic associés à différentes activités. Conformément à l'approche du premier blog, nous avons généré des empreintes hebdomadaires caractéristiques pour différentes périodes. Chacune de ces empreintes représente l'intensité horaire du trafic tout au long de la semaine (en moyenne). Notre base (100% du volume de trafic) a été établie en calculant la moyenne de 5 semaines « normales » en termes de travail et de fréquentation scolaire, en dehors des vacances scolaires, en janvier et février 2020. La deuxième empreinte (congés de carnaval) fait référence aux vacances scolaires de printemps à la fin du mois de février. Les autres empreintes correspondent pour leur part à la moyenne des intensités de trafic pendant les différentes phases de la période de quarantaine, par exemple le confinement complet entre le 14 mars et le 17 avril, suivi de l'ouverture des magasins de bricolage et de jardinage, de la reprise des activités des entreprises et de la réouverture de tous les autres magasins.

 

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18 avril : l'ouverture des magasins de bricolage pourrait provoquer un trafic non essentiel

L'ouverture des magasins de bricolage et de jardinage a entraîné une augmentation globale de 7% du trafic. Bruxelles étant une grande ville avec peu de magasins de bricolage, nous nous attendions à ce que cette augmentation ne concerne que certains nœuds, et certainement pas les nœuds situés dans les zones résidentielles. Nous avons toutefois observé une augmentation similaire pour tous les nœuds de la ville. En outre, il semble que le volume du trafic ait également augmenté dans une proportion similaire le dimanche, alors que les magasins étaient fermés. Tout cela semble indiquer que l'augmentation du trafic observée n'est probablement pas due entièrement aux achats dans les magasins de bricolage/jardinage. Les gens ont peut-être pensé que les achats liés au bricolage pouvaient être utilisés comme un prétexte valable pour réaliser d'autres trajets non essentiels.

On remarque également que le volume n'a pas augmenté de façon constante tous les jours : Le vendredi, le volume du trafic a même diminué. Il s’agissait du vendredi 1er mai, la fête du Travail autrement dit un jour férié.

4 mai : les visites aux amis ou à la famille sont préférées au retour au travail

Dans l'empreinte suivante, qui correspond à la semaine où les entreprises B2B ont pu reprendre leurs activités, nous constatons une augmentation moyenne de 11% du volume de trafic. Même si davantage de personnes ont été autorisées à reprendre le travail, c'est le dimanche qu'on constate la plus forte augmentation du volume de trafic. Cela n'est évidemment pas dû à des activités professionnelles. Ce dimanche-là, c'était la fête des Mères et les gens pouvaient rencontrer jusqu'à quatre autres personnes. De nombreuses personnes semblent avoir profité de l’occasion pour rendre visite à leurs parents et amis. Notons que l'augmentation très nette du trafic le vendredi est influencée par la réduction du trafic le jour de la fête du Travail de la semaine précédente. Elle n’est donc probablement pas significative.

11 mai : pas de rush dans les magasins

Le dernier assouplissement, à savoir l'ouverture de tous les magasins B2C, n'entraîne qu'une augmentation modérée de 7% du trafic global, qui semble assez bien réparti sur tous les jours de la semaine. Il semble que tout le monde n’ait pas immédiatement sauté sur l’occasion pour refaire du shopping. Cela a permis d'éviter des périodes de pointe très chargées dans les zones commerciales. Il est également intéressant de noter qu'aucune augmentation du trafic n'a été observée le dimanche 17 mai. Les gens ont donc circulé autant que le dimanche précédent, qui était le jour de la fête des Mères. Cela signifie-t-il que ces deux dimanches, les gens rendaient visite à leurs amis et pas à leur mère ? À moins qu’ils n’aient simplement rendu à nouveau visite à leur mère en respectant strictement la règle des quatre personnes ?

La version complète de cet article a été publiée sur le site du laboratoire EluciDATA dans le cadre d'une série de blogs consacrés au projet MISTic, réalisé par le laboratoire EluciDATA de Sirris en partenariat avec Macq et la VUB. Le projet MISTic est subventionné par la Région de Bruxelles-Capitale - Innoviris. 

 

 

 

 

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